Des ressortissants chinois en Ukraine : incompréhension ou manipulation ?

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France-Soir
Publié le 11 avril 2025 - 13:32
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Prisonnier chinois en Ukraine
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Kiev hausse le ton. Pékin aussi. Mercredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que son armée disposait des informations selon lesquelles 155 ressortissants chinois ont aidé Moscou à envahir l’Ukraine. Il a par la même occasion annoncé la capture de deux soldats chinois dans la région de Donetsk, diffusant la vidéo polémique montrant l’un d’eux. La Chine a dénoncé des “propos irresponsables”, rappelant n’être “ni à l’origine de la crise ukrainienne, ni partie prenante”.  

Le président ukrainien a déclaré mercredi que deux ressortissants chinois ont été capturés en Ukraine, près du village de Bilohorivka, dans l'oblast de Louhansk. Selon Zelensky, ces individus, identifiés comme des soldats, combattaient aux côtés des forces russes. Il a affirmé que des documents personnels et des preuves matérielles confirment leur identité et leur implication. Il a par la même occasion accusé la Russie de recruter activement des citoyens chinois pour participer à son effort de guerre en Ukraine, mentionnant un chiffre total de 155 combattants chinois déployés. 

Mercenaires ou soldats de l’armée chinoise ? 

Il a surtout accusé Pékin d’être impliquée. "Nous constatons simplement, grâce aux données et aux détails dont nous disposons, que la Chine (...) était au courant de l'envoi", a-t-il expliqué aux médias. "Nous ne disons pas que quelqu'un a donné un ordre, nous ne disposons pas de telles informations", a ajouté Volodymyr Zelensky.  

Mardi déjà, un haut responsable ukrainien révélait, sous couvert de l’anonymat, que les premières informations récoltées révèlent que les deux ressortissants chinois ont signé “un contrat” avec l’armée russe et ne font pas partie de troupes régulières déployées sur le front ukrainien. Le président ukrainien corrobore à demi-mot le recrutement de soldats chinois par l’armée russe, à travers, notamment, les publicités diffusées sur les réseaux sociaux comme TikTok.  

Selon Kiev, il est question de 168 Chinois. Sur les plateformes Weixin ou Douyin (Noms locaux de WeChat et TikTok, NDLR), des soldats chinois portant des uniformes russes, partageaient déjà leurs témoignages depuis de nombreux mois. Ils décrivaient leur quotidien comme combattants pour l’armée russe et expliquaient leurs motivations, à commencer par les salaires et les primes octroyées par le Kremlin.  

Les deux captifs sont interrogés par les services de sécurité ukrainiens et le président se dit prêt à “les échanger” contre des soldats ukrainiens captifs par la Russie.  Pour prouver ses dires, Volodymyr Zelensky a ainsi publié une vidéo montrant l’un des soldats capturés. La vidéo a suscité la polémique, et certaines réactions ont vite fait remarquer que sa diffusion constituait une violation de la convention de Genève et ses dispositions sur la protection des prisonniers de guerre.  

Sa déclaration a fait réagir la Chine, qui a dénoncé hier, jeudi 10 avril, des “propos irresponsables”. “Nous conseillons aux parties concernées d’avoir une vision juste et raisonnable du rôle de la Chine et de ne pas tenir de propos irresponsables”, a déclaré Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. 

Pékin tape du poing sur la table 

 “Le gouvernement chinois a toujours exigé de ses citoyens qu’ils restent à l’écart des zones de conflit”, “tout particulièrement qu’ils évitent de participer à des opérations militaires, de quelque partie que ce soit”, a-t-il ajouté. Il a surtout tenu “à rappeler que la Chine n’est ni à l’origine de la crise ukrainienne, ni partie prenante. Nous sommes de fervents partisans et des promoteurs actifs d’une solution pacifique”.  

Depuis l’invasion ukrainienne, la position chinoise oscille entre un soutien officiel à un processus de paix, Pékin se voulant même médiatrice du conflit, et un soutien économique à Moscou. L’Empire du Milieu a maintes fois appelé à respecter l’intégrité territoriale de tous les pays, sous-entendu, Ukraine comprise. Mais la Chine est également sous le feu des critiques occidentales pour avoir renforcé ses liens économiques, militaires et politiques avec son voisin russe.  

Les autorités russes “entraînent d’autres pays dans la guerre. Je crois qu’ils entraînent maintenant la Chine” et cela constitue “un pas délibéré vers l’extension de la guerre”, a-t-il ajouté, affirmant que Moscou veut “prolonger les combats”. Jusque-là, le président ukrainien misait sur cette étroite relation entre Pékin et Moscou pour convaincre la Chine de jouer un rôle décisif en influençant Vladimir Poutine.  

Les propos du président ukrainien et leur véhémence marquent-ils un tournant dans les relations entre Kiev et Pékin ? Bien que les Chinois ne soient pas les seuls combattants étrangers, Volodymyr Zelensky ne s’était pas pris aux autorités des pays des autres ressortissants capturés, à l’exception de la Corée du Nord, qui a officiellement mobilisé des troupes pour soutenir la Russie.  

Il a par là même déclaré que les responsables américains ont exprimé leur "surprise" lorsqu'ils ont été informés de la présence de mercenaires chinois en Ukraine. Les accusations de Zelensky et la réprimande de Pékin interviennent dans un contexte de tensions entre les États-Unis et la Chine, tensions aggravées ces dernières années par les concurrences géopolitiques, technologiques et économiques, atteignant un pic avec l’escalade des droits de douane à l’importation.  

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