Légalisation ou dépénalisation du cannabis : le débat de retour sur la scène politique

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 10 octobre 2016 - 22:38
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De la résine de cannabis.
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©Jon Santa Cruz/Sipa
Développement du trafic de stupéfiants et santé publique continuent de s'opposer sur la question de la légalisation du cannabis.
©Jon Santa Cruz/Sipa
Alors que les Français sont ouverts à l'idée d'un débat sur la légalisation du cannabis et que des policiers ont été violemment agressés sur fond de lutte contre le trafic de stupéfiants dans l'Essonne, plusieurs personnalités politiques ont de nouveau évoqué ce lundi la possibilité de le dépénaliser voire de le légaliser. Un débat qui est loin d'être nouveau en France.

Serpent de mer du débat politique et source infinie de divisions à gauche comme à droite, la légalisation et la dépénalisation du cannabis, soutenues par une majorité de Français, reviennent sur la table par l'intermédiaire de deux candidats aux primaires, Benoît Hamon (PS) et Nathalie Kosciusko-Morizet (LR).

Est-ce la fenêtre ouverte par la diffusion ce lundi 10 d'un sondage Ipsos, affirmant que plus d'un Français sur deux (52%) était favorable à ce que la question de la législation du cannabis soit abordée lors de la campagne présidentielle? Ou la saisie de "62 kilos de résine" évoquée par Manuel Valls près de la cité de La Grande-Borne dans l'Essonne, où quatre policiers ont été attaqués samedi 8?

Benoît Hamon (PS) et Nathalie Kosciusko-Morizet (LR) en ont profité pour affirmer leurs vues sur la prohibition du cannabis, alors qu'un colloque sur le thème de la légalisation se tenait lundi au Sénat. Une question potentiellement populaire puisqu'en France, en 2014, 17 millions de personnes déclaraient avoir déjà pris du cannabis dans leur vie et 700.000 en consommeraient quotidiennement, selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies.

Pour le député PS des Yvelines, il faut légaliser, et pas seulement dépénaliser, pour "tuer ces trafics" qui sont une "vraie gangrène". "Ce qui fait qu'aujourd'hui ces bandes prospèrent (...), c'est l'économie du cannabis", a dit l'ex-ministre sur France info. "S'il n'y pas de légalisation, c'est à dire si on ne casse pas ces économies parallèles, nous ne reprendrons pas la main (...) Si on veut ramener la République (sur les lieux de trafic), il faut en passer par là", a-t-il martelé.

Dans le même temps, Nathalie Kosciusko-Morizet, députée LR de l'Essonne, a reconnu que le "système actuel n'est pas efficace". Sans toutefois aller jusqu'à la légalisation qui "permet de lutter contre le trafic" mais n'envoie pas le bon "signal à la jeunesse". "Je suis plutôt pour la dépénalisation, ça permet de continuer à envoyer un signal à la jeunesse, de continuer à dire c'est interdit parce qu'on pense que c'est problématique en termes de santé", a-t-elle dit.

Selon l'ancienne ministre de l’Écologie, cette dépénalisation permettrait de se doter de moyens de lutter contre la consommation "moins hypocrites et plus efficaces parce qu'on met une contravention". Elle rejoint en cela une proposition faite par Jean-Pierre Raffarin en 2003, lorsqu'il était Premier ministre, ou encore par Nicolas Sarkozy, alors candidat à l'élection présidentielle de 2007 et qui a depuis fait marche arrière.

Sur Twitter, l'ancienne ministre et candidate à la primaire d'Europe Ecologie-Les Verts Cécile Duflot a réagi en rappelant qu'elle défendait "de très longue date la légalisation du cannabis". "Comme le dit Daniel Vaillant (ancien ministre de l'Intérieur et député PS, NDLR), on manque de courage et de lucidité sur ce sujet", a-t-elle ajouté.

Le quinquennat de François Hollande a sporadiquement vu ce thème ressurgir. Dernier épisode en date, en avril 2016, le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, avait estimé à titre personnel que "la prohibition n'amène pas une diminution de la consommation".

M. Le Guen, médecin de profession, s'était prononcé pour "des levées d'interdiction très sélectives : pour les adultes, certainement pas pour les jeunes de moins de 21 ans", et pour un "usage privé". Ce à quoi Manuel Valls avait rapidement répondu "que toute société doit savoir fixer des interdits". "Je crois que la consommation du cannabis, parce qu’elle a un impact sur la santé publique, doit en rester un", avait-il tranché.

La question avait aussi été soulevée à l'automne 2012, quand Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, avait rappelé à l'ordre le ministre de l'Education de l'époque, Vincent Peillon, qui souhaitait un débat sur la dépénalisation, toujours en suspens quatre ans plus tard.

 

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