Quoi qu'il en coûtait...
CHRONIQUE — C'est bien au passé qu'il convient désormais de parler de la célèbre maxime du président de la République.
Au cours des quinze derniers jours, M. Macron a d'abord expliqué aux Français que "notre liberté a un coût" et qu'elle peut exiger des sacrifices, avant d'évoquer devant ses ministres "la fin de l'abondance", "des évidences", et "de l'insouciance". Le "quoi qu'il en coûte" appartient bel et bien à des temps révolus…
Dans son éditorial du Figaro, le 25 août, Yves Thréard souligne ce changement de pied spectaculaire et l'oppose à la tonalité des vœux à la nation d'Emmanuel Macron le 31 décembre dernier, le chef de l'État se déclarant alors "résolument optimiste pour l'année qui vient".
Bien sûr, on peut toujours objecter que la guerre en Ukraine n'était pas déclarée, et que la conjoncture internationale en est aujourd'hui terriblement affectée.
Il est cependant permis d'observer qu'à quelques mois de l'élection présidentielle, le président sortant avait de bonnes raisons de chausser des lunettes roses pour annoncer au peuple français des lendemains qui chantent.
Du reste, ce scrutin est encore dans la tête de nos compatriotes qui n'ont pas oublié que, pour se faire réélire, M. Macron a délibérément opté pour une campagne réduite au strict minimum. Si la stratégie a fonctionné pour le scrutin présidentiel, la guerre en Ukraine aidant, par contre l'échec a été total lors des élections législatives.
Président de l'Europe, et président de la France, on allait voir ce que l'on allait voir ! Au final, on n'a pas vu grand-chose et, aujourd'hui, le chef de l'État se trouve contraint de préparer les esprits à des lendemains qui déchantent. On se croirait de retour au tournant de la rigueur de 1983 quand, après trois dévaluations du franc en deux ans, François Mitterrand s'est trouvé dans l'obligation de changer de politique et de faire des comptes.
S'il n'est pas question de nier les difficultés des temps que nous vivons et, plus encore, de ceux que nous allons vivre, force est bien de dire que le président disposerait d'une autre crédibilité pour appeler le peuple français à l'effort s'il avait lui-même tenu un discours de vérité lors de l'élection présidentielle. Car, déjà, il était bien clair que notre pays n'allait pas pouvoir continuer à vivre au rythme insensé du "quoi qu'il en coûte", générant… 500 milliards d'euros de dette publique supplémentaire.
Hausse des prix, et particulièrement des dépenses obligées des ménages que sont l'alimentation, le carburant et l'énergie (si les sanctions contre la Russie n'ont pas arrêté la guerre, on voit leur incidence sur les approvisionnements comme sur le coût de l'énergie !), moindre croissance de l'économie et, par conséquent, menaces sur l'emploi, explosion inexorable de l'insécurité liée à la disparition de l'autorité de l'État, système de santé à la dérive, éducation nationale fuie par les enseignants, telles sont quelques-unes des caractéristiques du contexte dans lequel il va falloir gouverner et réformer le pays, autrement que par des incantations, et… sans majorité à l'Assemblée nationale. Vaste programme !
Qu'il était doux le temps du "quoi qu'il en coûte" ! Mais voici que les illusions s'évanouissent, et que les dures réalités s'imposent. Après avoir chanté tout un quinquennat, la cigale se trouve fort dépourvue quand la brise souffle.
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