Journée des droits des femmes : entre dynamique #Metoo et "bulles de régression"

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Par Pascale JUILLIARD, Jessica LOPEZ - Paris (AFP)
Publié le 06 mars 2018 - 09:43
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Des victimes de violences sexistes et sexuelles lors d'une march #Metoo, le 12 novembre 2017 à Hollywood, en Californie
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© Mark RALSTON / AFP/Archives
Des victimes de violences sexistes et sexuelles lors d'une march #Metoo, le 12 novembre 2017 à Hollywood, en Californie
© Mark RALSTON / AFP/Archives

"Me Too" aura-t-il un impact durable sur les droits des femmes ? Cinq mois après la naissance de ce mouvement quasi-planétaire de dénonciation des violences sexistes et sexuelles, la journée du 8 mars prend cette année un relief particulier, même s'il persiste des "bulles de régression".

Le mouvement né du scandale Weinstein aux Etats-Unis a coïncidé avec d'autres initiatives historiques.

Le 27 septembre 2017, l'Arabie saoudite, dernier pays au monde interdisant aux femmes de conduire, annonçait qu'elles pourraient prendre le volant à compter de juin, mesure qui devrait favoriser leur accès au marché du travail. Les femmes de ce royaume ont pu pour la première fois entrer dans des stades de football en janvier mais restent soumises à la tutelle d'un homme pour faire des études ou voyager.

En Iran, des femmes défient publiquement depuis décembre 2017 l'obligation de se voiler dans l'espace public, une remise en cause limitée mais inédite.

"Ce sont des tout petits pas dans des mondes où la question des femmes est très contrôlée", souligne Christine Mauget, chargée de l'international au Planning familial à Paris, à l'occasion de la 41e Journée internationale des droits des femmes.

L'ampleur du mouvement Me Too la rend optimiste sur une avancée des droits, même s'il conviendra de rester vigilant concernant leur application. "Le chemin est engagé" mais "il y aura des retours, des bulles de régression", anticipe-t-elle.

Exemple, le droit à l'avortement et à la contraception.

Le Conseil de l'Europe signalait en décembre des "restrictions rétrogrades" en matière d'accès à la contraception et à l'avortement dans plusieurs pays d'Europe, épinglant l'Arménie, la Géorgie, la Macédoine, la Russie ou la Slovaquie.

Parmi les "poches de résistance" figure la Pologne qui envisage de durcir sa législation sur l'avortement, déjà très restrictive. Sous l'impulsion des ultraconservateurs, l'IVG pourrait ne plus être autorisée en cas de malformation du fœtus.

"Même dans les pays où la loi est moins restrictive, les femmes doivent parfois faire face à des obstacles importants", a relevé Nils Muižnieks, commissaire aux droits de l'Homme, dans ce rapport.

En Italie, sept professionnels de santé sur dix refusent d'autoriser un avortement, invoquant une clause de conscience. En Turquie, une femme mariée doit obtenir le consentement de son époux pour avorter.

En Irlande, un référendum est prévu fin mai pour décider si l'avortement doit être libéralisé alors qu'il n'est actuellement autorisé que si la poursuite de la grossesse fait courir à la femme un "risque réel et substantiel" pour sa vie.

- Dépendance économique -

C'est en Amérique centrale que les lois anti-avortement sont le plus strictes, comme l'a illustré récemment la libération d'une Salvadorienne emprisonnée 11 ans pour une fausse couche qualifiée d'"homicide aggravé" par la justice.

Parmi les "noirceurs" du tableau, figurent aussi "des femmes contraintes de migrer pour des raisons économiques, de guerre ou climatiques, et qui se retrouvent dans des camps où elles ne sont pas respectées, sur des parcours où elles sont violées", souligne Mme Mauget.

"On parle très peu du travail à faire en amont, sur les stéréotypes et sur l'éducation à la sexualité", regrette par ailleurs Véronique Séhier, co-présidente du Planning familial.

La philosophe et historienne de la pensée féministe Geneviève Fraisse a vu récemment dans l'affaire Weinstein et ses retombées un "catalyseur" qui "repose la question de l'égalité professionnelle et économique. Car c'est dans une situation de dépendance économique que les femmes sont victimes de violences".

Or, on en est loin. Selon le World économique forum, au rythme actuel, l'égalité professionnelle entre hommes et femmes ne sera pas atteinte avant 2234.

Chaque année, une journée de l'Egalité salariale, baptisée "Equal Pay Day", symbolise les différences de salaires. Elle est fixée le jour où les femmes atteignent la rémunération moyenne perçue par les hommes au cours de l'année précédente, explique Valentine Viard de l'association Business and Professional Women (BPW).

L'Espagne est en 2018 la meilleure élève européenne avec un "Equal pay day" le 22 février. En France, il aura lieu le 26 mars, aux Etats-Unis le 10 avril.

Pour pointer ces inégalités, les femmes sont appelées dans certains pays à cesser le travail à 15H40 le 8 mars.

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