Fabienne Benveniste expose au parking Blanche Pigalle, sorte de musée alternatif gratuit

Auteur(s)
Corine Moriou*, France-Soir
Publié le 19 novembre 2023 - 09:00
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Expo Benveniste
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Corine Moriou
Fabienne Benveniste inaugure la première édition de "Parking expo" en présentant sept de ses toiles.
Corine Moriou

EXPO - Après le street art, "Parking expo". Fabienne Benveniste, peintre de l’abstraction figurative lyrique, expose au Parking Blanche Pigalle, à deux pas du Moulin Rouge. Une galerie éphémère remarquée, sorte de musée alternatif gratuit. 

Fabienne Benveniste est une personnalité du quartier de la Nouvelle Athènes. En mars dernier, elle exposait ses œuvres dans les magnifiques salons du XVIIIe siècle de l’Hôtel d’Augny où est installée la mairie du IXe arrondissement de Paris.

Changement de décor, le 7 novembre dernier. Direction le parking Blanche Pigalle, anciennement appelé garage Mansart, à quelques pas du Moulin-Rouge. Il s’agit d’une affaire familiale dirigée par André Loubriat, petit-fils du fondateur. 

Fabienne Benveniste (cote Artprice) inaugure la première édition de « Parking expo », marque déposée. Elle présente sept de ses peintures dans cette enceinte sélectionnée pour sa capacité d’accueil d’œuvres artistiques. 

Adieu les ors et fastes de la République. Place au bitume, aux néons et aux caméras. 

"J’aime sortir des cadres et des carcans. C’est ennuyeux d’exposer uniquement dans des lieux conventionnels. Par ailleurs, si je pouvais peindre sans châssis, je le ferais", s’amuse à souligner l’artiste, habituée de prestigieuses galeries, et invitée à exposer à l’Hôtel Westminster, au Marriott Champs-Élysées à Paris, à l’Hôtel de Paris à Monaco...

Bien entendu, le parking Blanche Pigalle conserve son activité de garage de voitures et de motos (sans réparations). On y entre directement, sans passer par un portail avec un badge pour garer son automobile. A l’ancienne, sous l’œil attentif du gardien, une figure familière et rassurante pour les clients ! 

Le lieu se prête à merveille à cette exposition underground, car les toiles sont immenses. Elles sautent aux yeux dès l’entrée, à hauteur du 7, rue Mansart dans le IXe, le quartier des Degas, Renoir, Chopin…

Ainsi, La Parisienne, devant laquelle Fabienne se prête à une séance photos, fait 2,27 mètres de hauteur sur 1,37 mètre de largeur. Le Vénitien (1,95 x 1 m), seul homme représenté sur les toiles, se déploie voluptueusement au milieu de femmes sculpturales. 

Vernissage avec patates au four, champagne et musique 

Un discret petit cadenas sur le côté gauche des tableaux rappelle que nous sommes dans une galerie éphémère, sorte de musée alternatif gratuit, grâce à la complicité du propriétaire des lieux. 

Ici, il n’y a pas de galeriste qui facture la location de l’espace et perçoit une commission sur le montant des ventes. Si l’on a un coup de cœur pour une toile, on peut joindre directement l’artiste dont le nom et les coordonnées figurent sur le mur. 

Un concept original et astucieux initié par le décorateur Eric Perdrizet qui aime conjuguer l’art et la vie de quartier. 

Près de quatre-vingt personnes sont venus admirer les tableaux de l’artiste, lors du vernissage. Dephine Bürkli, maire du IXe arrondissement, s’est déplacée afin de marquer son enthousiasme pour cette entreprise inédite. 

Il faisait froid, il fallait garder son manteau. Allions-nous picorer trois cacahuètes et boire un fond de bouteille de vin rouge ? Non. Un buffet de victuailles (patates garnies, salades, biscuits…) et quelques bulles de champagne ont réjoui les invités. Un happening réussi grâce à la généreuse participation de commerçants du quartier : Le Biscuit Alain Ducasse, Terroir & Nature, Au 88, Aux Délices du moulin… 

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Une voiture traverse la galerie © Corine Moriou

Et puis soudain s’est élevé le plus doux des Ave Maria interprété par la soprano Julia Vdovina accompagnée au piano par Christophe Ghenassia. 

"C’est la première galerie que l’on traverse en voiture ! Je pense organiser d’autres évènements dans différents parkings de Paris. Cela permet aux artistes, qui ne peuvent exposer, compte tenu des conditions que leur imposent les galeries, de présenter leur œuvre sans débourser de grosses sommes d’argent", explique Eric Perdrizet de manière pragmatique.

Des femmes en mouvement incarnent une élégance de l’âme et des sentiments

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Fabienne Benveniste pose devant son tableau « Diane Chasseresse » © Corine Moriou

Fabienne Benveniste est une personnalité singulière, à la fois douce et déterminée, éprise de liberté. Elle ne semble pas appartenir à notre siècle, mais on l’imagine sortie d’un tableau de Botticelli, voyageant à travers les époques, changeant de costume au gré des circonstances. 

Femme flamboyante, à l’abondante chevelure brune, elle a le geste ample, large, généreux, sans retenue. "Mon imaginaire jaillit, je ne sais pas ce que je vais peindre, je me laisse guider », explique l’artiste qui peint des toiles immenses dans un atelier niché au dernier étage d’un immeuble du XIXe siècle de la rue Saint-Georges.

Elle a un style bien particulier, qui lui est unique, celui d’un peintre de l’abstraction figurative lyrique. Elle peint avec l’oreille. Son œuvre se nourrit d’opéras. Verdi, Bizet, Vivaldi accompagnent son travail.

Dans son panthéon artistique, on trouve Joan Mitchell, une artiste américaine faisant partie du mouvement de l’expressionnisme abstrait américain, qui a vécu une partie de sa vie à Paris, puis à Vétheuil, le village où Monet résida dans ses années de vaches maigres (1879-1881). 

Les deux peintres ont en commun d’aimer la nature, le flot des couleurs qui s’entrechoquent et structurent l’espace à la manière d’une floraison. Elles voient grand et osent des pièces monumentales, verticales, qui peuvent prendre la forme de diptyques. 

Marquée par son enfance dans l’entreprise familiale de textile, Fabienne Benveniste n’utilise pas une toile classique, mais de la toile de Jouy. Elle se procure cette précieuse étoffe au Marché Saint-Pierre ou chez Charles Burger (4 rue du Mail, dans le IVe) qui expose en ce moment l’une de ses toiles sur le thème de Robinson Crusoé. 

Des guerriers au combat, des parties champêtres, des rendez-vous galants d’antan sont imprimés sur la toile, puis se superposent, et se fondent derrière ses propres mises en scène. Des corps de femmes esquissés se devinent, s’affirment tantôt vêtus de robes longues, tantôt à demi ou totalement dénudés. 

Fabienne Benveniste lâche des traits au fusain, utilise des pigments en poudre, des pastels secs et jette des tâches de couleur au rythme de la musique qui inonde son atelier. 

"Ces femmes sont en mouvement, c’est le mouvement de la vie. Elles incarnent une élégance de l’âme et des sentiments. Elles sont représentées sans tête, ce qui donne plus de puissance à mon expression", fait remarquer la plasticienne. 

Une exposition inédite à découvrir sur place au 7 rue Mansart 75009 Paris, jusqu’au 30 novembre 2023. Pour en savoir plus : http://fabiennebenveniste.com/ 

Fabienne Benveniste dans son atelier explique son travail. un film de Frédérique Chapuis.

*Corine Moriou est journaliste indépendante, grand reporter.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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