Attaques jihadistes : un hommage national sera rendu au gendarme "tombé en héros"

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Par Hugues JEANNEAUD avec Mehdi CHERIFIA à Paris - Carcassonne (AFP)
Publié le 24 mars 2018 - 20:43
Mis à jour le 25 mars 2018 - 00:08
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Un "hommage national" sera rendu à l'officier de gendarmerie Arnaud Beltrame, dont la mort "en héros" sous les balles d'un jihadiste a suscité samedi une vive émotion en France, tandis que l'enquête cherchait à cerner les raisons du passage à l'acte du tueur, qui a fait quatre morts dans l'Aude.

Trois personnes ont aussi été blessées lors de l'équipée meurtrière de Radouane Lakdim à Carcassonne et Trèbes, dont l'une, blessée par balle à la tête, était entre la vie et la mort.

Un "hommage national" sera rendu au lieutenant-colonel Beltrame, 44 ans, a annoncé l'Elysée à l'issue d'un Conseil restreint de défense.

Le président Emmanuel Macron a "demandé la convocation cette semaine par les préfets" des responsables des services (renseignement, police, gendarmerie, parquet, administration pénitentiaire) impliqués dans le suivi des personnes radicalisées. Selon Beauvau, ce type de réunion a "pour objet de rappeler les consignes de vigilance après un tel acte".

Les enquêteurs ont découvert au domicile à Carcassonne du tueur, un Français d'origine marocaine de 25 ans, des "notes faisant allusion à (l'organisation) Etat islamique" et s'apparentant à un testament, selon des sources concordantes. Parallèlement, deux personnes ont été placées en garde à vue: un jeune de 17 ans présenté comme un ami de Radouane Lakdim, et sa compagne.

Le jihadiste, qui était muni d'une arme de poing, d'un couteau de chasse et de trois engins explosifs artisanaux selon une source judiciaire, a été abattu par les forces de l'ordre après une prise d'otages dans un supermarché Super U de Trèbes, commune proche de la cité historique de Carcassonne.

Peu après cette prise d'otages qui avait déjà fait deux morts, le lieutenant-colonel Beltrame s'était livré à la place d'une femme que l'assaillant avait pris comme bouclier.

Grièvement blessé par l'assaillant, il a succombé samedi à ses blessures et sa mort suscitait émotion et hommages. Il est "tombé en héros" et mérite "respect et admiration de la Nation tout entière", a déclaré Emmanuel Macron.

La grande mosquée de Paris, à l'unisson des représentants musulmans, a salué son "courage" et "son engagement". Il a "fait preuve d'un sens du devoir et du sacrifice exemplaire", a estimé la Grande Loge de France, obédience maçonnique où il avait été initié en 2008, alors qu'il vivait parallèlement une évolution vers le catholicisme. Marié sans enfants, Arnaud Beltrame devait se marier religieusement cette année.

Pour le Père Jean-Baptiste qui devait célébrer ce mariage religieux et l'a accompagné dans ses derniers instants, "seule une foi chrétienne animée par la charité pouvait lui demander ce sacrifice surhumain", a-t-il écrit sur le site du diocèse.

- Messe dimanche -

Les drapeaux et étendards de la gendarmerie, comme ceux de l'Assemblée nationale, ont été mis en berne. Une messe sera célébrée dimanche matin par l'évêque de Carcassonne à Trèbes.

Des habitants ont afflué pour déposer de fleurs devant le Super U de Trèbes, fermé, et la caserne de gendarmerie de Carcassonne.

Arrivée avec un bouquet de roses blanches portant l'inscription "Merci", une habitante, Marie-Claire Castel a confié: "C'est un héros, je n'ai pas dormi de la nuit, j'ai beaucoup prié en pensant qu'il y aurait un miracle, qu'on le sauverait".

La population, sous le choc, exprimait son désarroi: "On se disait qu'on n'avait rien à craindre, on se disait que ça n'arrive que dans les grandes villes", confessait Khadija, 52 ans.

La France, particulièrement visée pour sa participation à la coalition militaire internationale contre l'EI en Irak et en Syrie, vit sous la menace terroriste depuis une vague d'attentats jihadistes sans précédent qui, à ce jour, ont fait 245 morts depuis janvier 2015.

Cette dernière attaque, que le président américain Donald Trump a qualifiée d'"horrible", est la plus grave depuis le début de mandat d'Emmanuel Macron en mai 2017.

Les enquêteurs tentent de comprendre les raisons du passage à l'acte de Radouane Lakdim, alors qu'il ne semblait plus être une menace aux yeux des autorités. Il s'est présenté vendredi comme "un soldat" du groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui a, peu après, revendiqué les attaques.

"Nous avions suivi" Radouane Lakdim "et nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation", mais "il est passé à l'acte brusquement", a dit le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb.

- Viticulteur, boucher, maçon... -

Né au Maroc le 11 avril 1992 et arrivé en France dans les premiers mois de sa vie, cet homme avait été naturalisé en 2004.

A partir de 2014, il a été suivi par les services de renseignements et fiché "S" (pour sûreté de l'Etat) "car il était en contact avec des islamistes considérés comme appartenant au haut du spectre de la radicalisation", sans toutefois faire montre lui-même d'une volonté de commettre une action violente, a indiqué une source proche de l'enquête.

Ce suivi avait été provisoirement suspendu en août 2016, a-t-elle ajouté, le temps qu'il exécute une peine d'un mois de prison après des condamnations pour "port d'arme prohibé", "usage de stupéfiants" et "refus d'obtempérer".

Selon une source proche du dossier, il ne s'est jamais rendu en Syrie mais une velléité de départ avait été détectée en 2014.

Lors de ses attaques, il a notamment demandé "la libération de frères" dont, selon une source proche du dossier, celle de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des attentats jihadistes du 13 novembre 2015 (130 morts), emprisonné à Paris.

Radouane Lakdim a entamé son équipée meurtrière à Carcassonne peu après 10H00 vendredi au volant d'une voiture dont il tue le passager, Jean Mazières, un viticulteur à la retraite, et blesse grièvement le conducteur, de nationalité portugaise. Il tire ensuite sur quatre CRS, blessant l'un à l'épaule.

Vers 11H15, il entre dans un Super U de Trèbes dont il tue le chef boucher, Christian Medves, et un client, Hervé Sosna, ancien maçon.

Vers 14H20, Radouane Lakdim, seul avec l'officier de gendarmerie retenu en otage, ouvre le feu sur le militaire, déclenchant l'intervention du GIGN.

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