Antiracisme à l'école : un syndicat organise des ateliers controversés

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Par AFP
Publié le 18 décembre 2017 - 19:51
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Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer lors d'une séance de questions à l'Assemblée le 13 d
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Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, ici à l'Assemblée le 13 décembre 2017, avait condamné le projet puis annoncé son intention de porter plainte contre le syndicat, mi
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En dénonçant un "racisme d'Etat", ce syndicat s'est attiré une plainte du ministre Jean-Michel Blanquer: Sud Education 93 a lancé lundi à Saint-Denis deux jours d'ateliers, dont certains dans le cadre controversé d'une "non-mixité" raciale, sur le thème de l'antiracisme à l'école.

Pour cette formation destinées au personnel de l'éducation, deux ateliers doivent se tenir dans ce format de "non-mixité". L'idée est de les réserver à des personnes dites "racisées" (s'estimant victimes de préjugés ou de discriminations racistes en raison de leur origine). Une initiative et un vocabulaire caractéristiques de la nouvelle génération de militants antiracistes, qui avaient déclenché une polémique fin novembre.

Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer avait condamné "le projet d'une réunion syndicale triant les membres sur la base de leur origine". Puis il a annoncé son intention de porter plainte contre le syndicat, minoritaire dans l'Education nationale, pour l'utilisation de l'expression "racisme d'Etat" dans son programme.

Interrogé par l'AFP, le ministère a indiqué que cette plainte avait bien été déposée.

Lundi matin à Saint-Denis, parmi la centaine de participants à l'ensemble du "stage", une poignée seulement acceptaient de s'exprimer, parfois sous couvert d'anonymat.

"Je suis venu car j'avais besoin de trouver un espace de réflexion au sein de l'institution sur la question raciale, qui reste complètement taboue", a indiqué à l'AFP un professeur de collège en Seine-Saint-Denis. Métisse et inscrit à un atelier "en non-mixité", il espère pouvoir y raconter ses expériences d'enseignant "racisé", sans se sentir jugé.

Ce terme "racisé" a été "dénoncé par Jean-Michel Blanquer comme impliquant une vision raciste de la société alors que c'est exactement l'inverse", se sont défendus les syndicats Sud, Sud Education et l'Union syndicale Solidaires dans un communiqué. Quant aux ateliers non-mixtes, ils doivent permettre aux personnes qui subissent le racisme de se regrouper, en libérant la parole et en permettant une mise en confiance, expliquent-ils.

"On parle de +non-mixité raciale+, on parle de +blanchité+, on parle de +racisé+: (...) les mots les plus épouvantables du vocabulaire politique sont utilisés au nom soi-disant de l'antiracisme alors qu'en fait ils véhiculent évidemment un racisme", avait critiqué M. Blanquer.

- 'Démunis' -

"Les enseignants se sentent démunis face au racisme qu'ils subissent tous les jours", assure de son côté Wiam Berhouna, professeure d'anglais en collège en Seine-Saint-Denis. Se définissant comme une "enseignante engagée", elle participe au stage afin notamment de pouvoir "mettre en commun ses expériences".

Un autre professeur, en poste dans un lycée polyvalent du "93", est, lui, venu dénoncer les problèmes subis par les élèves dans le département. "Dans l'établissement où je suis, la plupart sont immigrés", raconte-t-il. "Or depuis le début de l'année, le manque de moyens est flagrant et de nombreux cours n'ont pas eu lieu".

Il évoque aussi les déterminismes des filières et de l'orientation: "Combien de fois ai-je entendu en conseil de classe: +Lui il est blanc, on ne va pas l'envoyer en filière technologique+, et inversement", relate-t-il. Alors, "quand on parle de l'école de la République, ça pose question".

"On voit bien que l'école en France reproduit les inégalités sociales comme jamais", renchérit Omar Slaouti, enseignant dans un lycée à Argenteuil (Val d'Oise), militant antiraciste et médiateur de deux tables-rondes.

"Il suffit de voir la concentration de Noirs et d'Arabes dans certaines filières professionnelles, et de lire les études qui montrent clairement que les inégalités scolaires sont corrélées aux origines ethniques", poursuit-il.

Ces ateliers font suite à d'autres initiatives du même genre, considérées par les associations antiracistes traditionnelles comme porteuses d'une vision "communautariste" et non "universaliste".

Des rendez-vous qui créent la controverse jusqu'au sein de la gauche. C'était le cas, en mai dernier, d'un festival "afroféministe européen" dont la plupart des espaces étaient réservés aux femmes noires: la maire PS de Paris Anne Hidalgo avait demandé l'interdiction d'un événement "interdit aux Blancs".

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