Vivants, le film qui expose les difficultés de la presse libre et du journalisme d’investigation
Vivants, fiction de la réalisatrice Alix Delaporte, sortie en salle le 14 février, retrace la vie d'une rédaction contemporaine de journalistes spécialisés dans les reportages de terrain, œuvrant pour une chaîne de télévision. Un film axé sur les difficultés d’exercer librement le métier d’informer.
Ce long-métrage met en lumière une partie des obstacles auxquels doit faire face chaque journaliste face aux manques d'indépendance, financière ou politique, et dont l'attente systématique de la rentabilité biaise souvent les travaux d'information.
La réalisatrice native de Chatou, en région parisienne, sait de quoi elle parle en coécrivant Vivants. Alix Delaporte ancienne journaliste-cameraman, passée par l'agence CAPA et Nulle Part Ailleurs de Canal +, connait le milieu.
C'est l'évolution des rédactions tant journalistiques qu’audiovisuelles de ces vingt dernières années qui transpirent ici : pression des supérieurs hiérarchiques face à l'audimat, difficultés pour obtenir des ressources matérielles suffisantes (même pour une rédaction expérimentée), désintérêt du “Big boss” pour certains sujets de société trop pertinents, manque d'indépendance des journalistes pour poser les questions trop “touchy” à certains invités, etc.
Mais cela devient croustillant, quand la réalisatrice aborde un des sujets sociétaux les plus tabous médiatiquement en France : les affaires des grandes surfaces (supermarchés, hypermarchés) illégalement implantées, avec la complicité d’élus locaux ou non et de magistrats. Tout au long du film, comme un fil rouge, apparait cette affaire, ou l’on voit la difficulté pour un journaliste de montrer les liens entre élus, et ici, la mafia chinoise, “s’arrangeant” pour permettre l'installation d'une grande surface.
On découvre ici Alice Isaaz dans le rôle d‘une jeune stagiaire, qui intègre un groupe de journalistes soudés depuis leur début, quinze ans auparavant.
Fiers des reportages passés, on comprend vite que le manque de ressources affectées et la pression de l’audimat, incite la hiérarchie à aller vers d’autres sujets, poussant le rédacteur en chef, constamment sous tension, à justifier les écarts de son équipe quant au politiquement correct.
Un film qui aborde sans tabou, mais parfois un peu trop brièvement, nombre de sujets sociaux et politiques, à travers les réflexions à voix haute d’une équipe, dont on comprend que les journalistes bridés ne peuvent évoquer ces dernières à la rédaction.
Portée principalement par Roschdy Zem (Indigènes, Roubaix, une lumière), Ludivine Sagnier (Swimming pool, L’ennemi public n°1) ou encore Vincent Elbaz (Le Péril jeune), la réalisatrice a su s’appuyer sur une équipe expérimentée pour trouver une justesse dans l’interprétation. Le film n’a pas pour vocation de glorifier les journalistes, mais où l’on comprend l’importance de retrouver une forme d’indépendance pour publier un travail correct.
Vivants, d’Alix Delaporte, trouve sa place dans un monde où les artistes évoquent peu les problématiques sociales et politiques modernes. Il prouve également l’importance de la voix des artistes pour mettre en avant ce que vivent ceux qui essaient, un tant soit peu, de décrire notre société, voire même… d’informer.
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