Mode à Milan : Armani aux antipodes des malheurs du monde
Si le monde traverse une période trouble marquée par des catastrophes, naturelles ou non, Giorgio Armani estime, lui, que ses vêtements ne doivent pas refléter cette dure réalité.
La collection printemps-été présentée vendredi à Milan par le patron de la mode transalpine respire la modernité, avec des imprimés aux couleurs vives et des coupes nettes.
Aucun signe d'indignation à l'égard du président américain Donald Trump, ni de référence à la surenchère belliqueuse de la Corée du Nord ou aux dévastations provoquées par les séismes et les ouragans...
"Ce n'est pas parce qu'on vit un moment triste que je dois rendre les femmes tristes sur les podiums", a déclaré à la presse le vétéran de 83 ans après son show organisé au théâtre Armani.
L'Art avec un grand "A", à travers la peinture impressionniste --le mouvement dans son ensemble, pas forcément une toile en particulier-- ont conduit le styliste vers des imprimés fleuris, des roses brillants et satinés et les paillettes en veux-tu en voilà.
La garde-robe du maestro regorge de petites vestes, robes courtes aux ourlets asymétriques et jupes plissées étincelantes.
Les tailleurs pantalon aux vestes vaporeuses, ornés de brillants, et des jupes de soie vertes ou argent complètent un vestiaire qui exprime "l'élégance linéaire et sophistiquée du langage Armani".
Comme à son habitude, le styliste a fait une furtive apparition en fin de défilé, sortant des coulisses en pull marine et pantalon sombre, pour recevoir l'ovation du public.
Après une année difficile marquée par une baisse de ses ventes, le groupe de luxe italien Giorgio Armani a annoncé en juillet une importante réorganisation de ses marques afin de répondre aux "changements constants du marché".
Les enseignes Armani Collection et Armani Jeans vont être absorbées par Emporio Armani, afin de mieux concentrer l'activité sur le luxe avec l'enseigne Giorgio Armani ou encore sur la mode avec l'enseigne Emporio Armani.
Armani possède actuellement quelque 3.000 points de vente dans le monde, éclatés en différentes enseignes, et le groupe souhaite rationaliser ce réseau.
- 'Stop aux smartphones !', dit Annakiki -
Parmi les jeunes talents en lice vendredi à Milan, la styliste chinoise Anna Chang, avec sa marque Annakiki, a proposé une collection provocatrice sur le thème de l'addiction aux smartphones.
"Je suis mieux qu'un téléphone, parlez-moi", "Oubliez votre téléphone, souciez-vous de votre manteau", pouvait-on lire sur le dos de certains pardessus.
"La collection est un moyen de lancer un petit avertissement: ne soyez pas trop accros aux réseaux sociaux ou à vos téléphones. Le lien humain est vraiment le plus important", a expliqué à l'AFP Anna Chang, 33 ans.
Pantalon vert à paillettes, veste rouge en sequins brillants... Les couleurs explosent chez Annakiki, où les femmes portent la casquette, en velours ou brillante.
Les silhouettes sont résolument années 80, avec beaucoup de jeans, en chemise courte ou longue et pantalons, et des tenues mêlant le vert et le violet. La collection fait aussi la part belle aux graffitis, comme cette longue tunique blanche déstructurée, taguée de noire, à porter avec un gilet en filet rouge.
Les filles Annakiki sont "un peu bizarres socialement, mais très jolies et très séduisantes", explique la styliste issue d'une famille de tailleurs et qui a fabriqué sa première robe quand elle avait huit ans.
Créé en 2013, son label compte une vingtaine de magasins en Chine et se développe à l'international.
- Surridge et le code Cavalli -
La journée a aussi été marquée par les débuts à Milan du Britannique Paul Surridge chez Roberto Cavalli, griffe connue pour ses imprimés exotiques et ses jeans vieillis par projection de sable qu'elle fut la première à lancer dans les années 1990.
Pour le printemps prochain, sa garde-robe prévoit des robes moulantes aux teintes unies, partiellement transparentes.
Les codes de l'enseigne sont respectées, et notamment le style animalier propre à Cavalli, présent sur les tuniques, trenchs et autres pantalons aux impressions zèbre.
Sur le podium, installé en plein air dans un parc de Milan, le styliste a aussi présenté des robes du soir très classiques, mêlant cuir et tissus légers, portées avec des lunettes de soleil grand format aux montures chromées.
"J'ai essayé d'aller chercher une nouvelle sensualité, dont je pense qu'elle manque à la mode féminine aujourd'hui, et de trouver un nouveau look comme M. Cavalli l'avait fait à son époque", a déclaré à l'AFP Paul Surridge après le show.
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