Les enfants de Poutine, nouveau visage de l'opposition en Russie

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Par AFP
Publié le 27 mars 2017 - 21:05
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Manifestation contre la corruption, le 26 mars 2017 à Saint-Pétersbourg
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© Olga MALTSEVA / AFP/Archives
Manifestation contre la corruption, le 26 mars 2017 à Saint-Pétersbourg
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A 16 ans, Daria Moroz n'a connu qu'un président dans sa courte vie, Vladimir Poutine. Dimanche, elle faisait partie de cette opposition rajeunie, cette génération d'adolescents descendus pour la première fois dans les rues de Moscou manifester son ras-le-bol de la corruption.

"Je ne l'ai pas dit à mes parents parce que j'avais peur de me faire gronder. Je leur ai juste dit que j'allais me promener", raconte à l'AFP la jeune fille au lendemain de la manifestation.

Daria Moroz n'est pas un cas isolé. Après les manifestations anticorruption d'une rare ampleur qui ont essaimé dimanche à travers la Russie, tous les analystes ont relevé que, dans l'histoire récente du pays, jamais autant de lycéens et d'étudiants ne s'étaient impliqués.

"Il y a eu beaucoup de jeunes arrêtés, de 17 ou 18 ans", explique à l'AFP Oleg Ielisseïev, un avocat ayant fait libérer trois adolescents sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux. "C'est la première fois en Russie. Les manifestations se rajeunissent", poursuit-il.

L'organisation OVD-Info, spécialisée dans la surveillance des manifestations, fait le même constat sur l'apparition de Russes nés au moment où Vladimir Poutine arrivait au pouvoir en 2000. "Nous n'avons pas les statistiques exactes mais il y avait vraiment beaucoup de mineurs et d'étudiants", assure un porte-parole de cette organisation, qui désire rester anonyme.

"Dans chaque poste de police, il y avait au moins deux ou trois adolescents. Cela n'était pas le cas avant", ajoute-t-il.

- Génération tweet -

Avec son langage direct, sa maîtrise des réseaux sociaux et sa propension à envoyer des tweets même depuis le tribunal, Alexeï Navalny ne ressemble à aucun autre politicien russe. Une approche dans laquelle peut se retrouver la dernière génération, qui ne regarde pas les télévisions publiques et n'a pas connu le trouble des années 1990, caractérisées par un chaos économique et politique auquel a succédé la "stabilité" de l'ère Poutine.

Jugé lundi pour avoir organisé ces manifestations, M. Navalny a remercié pendant son procès les étudiants et les lycéens ayant répondu à son appel. "Je suis vraiment heureux de la naissance dans ce pays d'une génération qui veut être citoyenne, qui n'a pas peur", a-t-il déclaré.

Le Kremlin a pour sa part accusé Alexeï Navalny de "tromper consciemment des enfants" en les encourageant à participer à une manifestation non autorisée. Sans preuves, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a accusé les organisateurs d'avoir "promis des récompenses financières" à des mineurs s'ils se faisaient arrêter.

Une vidéo, postée dimanche sur YouTube par un site nationaliste, montre un jeune homme dans ce qui semble être un fourgon de police assurer que M. Navalny a promis que la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) paierait 10.000 euros de compensation en cas de détention.

- 'Pas de réponse' -

Daria Moroz se moque de ces soi-disant 10.000 euros. La jeune fille s'est décidé à descendre dans la rue après la publication de la dernière vidéo d'Alexeï Navalny, qui dénonce la façon dont le Premier ministre Dmitri Medvedev se serait illégalement enrichi et totalise 13 millions de vues.

Elle explique avoir été choquée par l'absence de réaction des autorités. "La seule chose qui s'est passé, c'est que Medvedev a bloqué Navalny sur Instagram. J'ai été estomaquée", raconte-t-elle. "Dans notre pays, il n'y a pas de réponses, pas de tentatives de réfuter quoi que ce soit, rien".

Partie manifester avec un ami de 19 ans, Daria raconte que les forces de l'ordre les ont extirpés de la foule concentrée sur la place Pouchkine, dans le centre de Moscou, avant de les embarquer de force.

La police "a pris des gens au hasard, des gens qui ne tenaient aucune pancarte ou ne faisaient rien du tout", explique Vlad Korotselev, l'ami de Daria.

Selon cette dernière, "beaucoup de gens étaient très, très jeunes et n'avaient jamais été dans cette situation, ils ne savaient pas quoi faire et étaient paniqués".

Roman Chingarkine était l'un d'entre eux. Cet adolescent de 17 ans a escaladé un lampadaire pour tenter d'échapper à la police. Interrogé par le site internet russe The Village, il raconte avoir été "traité très durement", un policier le frappant à l'estomac.

Ses parents sont allés le chercher au commissariat après que la police a rédigé un rapport disant qu'il a crié des slogans et désobéi à la police, ce qu'il nie.

"Je ne suis pas désolé d'être aller à la manifestation, je suis juste désolé des problèmes causés à mes parents", indique-t-il.

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