La décision de Trump sur Jérusalem : un cocktail potentiellement explosif

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Par AFP
Publié le 07 décembre 2017 - 15:39
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Le président américain Donald Trump à Washington, le 6 décembre 2017
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© MANDEL NGAN / AFP
Le président américain Donald Trump à Washington, le 6 décembre 2017
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La décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël ne devrait pas changer grand-chose de concret à court terme sur le terrain diplomatique, mais elle réunit les ingrédients d'un nouvel accès de violence, sur place ou ailleurs.

De Ryad à Téhéran en passant par Ankara et Bruxelles, les réactions, à l'exception d'Israël, vont de la réprobation à la condamnation, en fonction de l'état des relations avec Washington et des intérêts.

Mais elles expriment une préoccupation commune: celle que M. Trump ait non seulement porté un coup redoutable à l'entreprise de paix déjà agonisante entre Israéliens et Palestiniens mais aussi pris le risque d'une réaction en chaîne locale voire régionale, en manipulant un composé aussi volatil que Jérusalem.

"Il y a beaucoup de colère chez les Palestiniens, dans le monde arabe et en Turquie, et de nombreuses menaces", dit Yossi Alpher, conseiller d'Ehud Barak, Premier ministre israélien lors des négociations de Camp David.

"De toute façon, il va y avoir des troubles" dont l'ampleur dépendra notamment de la perception du langage de M. Trump.

Le président américain a paru soucieux de limiter les dégâts en affirmant que reconnaître Jérusalem comme capitale ne signifiait pas prendre position sur une question aussi essentielle et épineuse que le périmètre dans lequel Jérusalem est reconnue comme capitale.

Jérusalem, sainte pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, est un cri de ralliement qui porte dans tout le Moyen-Orient. Les mises en garde se sont succédé contre le danger de nourrir la violence, voire le fanatisme, dans une région en proie aux tumultes.

- 'Portes de l'enfer' -

La puissante milice irakienne de Noujaba, pro-iranienne, a jugé "légitime de frapper les forces américaines en Irak". Al-Akhbar, journal réputé proche du Hezbollah libanais, a publié en Une une photo montrant un drapeau américain en flammes et légendée: "Mort à l'Amérique".

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a estimé que M. Trump ouvrait "les portes de l'enfer" pour les intérêts américains dans la région.

La "défense" de l'esplanade des Mosquées, symbole national et religieux puissant au coeur de l'un des plus vieux conflits de la planète, mobilise chroniquement les Palestiniens frustrés d'Etat contre tout ce qui ressemble à un empiètement israélien sur le troisième lieu de l'islam.

L'Esplanade, site sacré aussi pour les juifs qui l'appellent le mont du Temple mais y sont interdits de prière, reste historiquement sous la garde de la Jordanie. En plein Jérusalem-Est annexé et occupé par Israël, tous les accès en sont contrôlés par Israël.

La décision de M. Trump est une "déclaration de guerre" contre le peuple palestinien et les sites sacrés musulmans et chrétiens de Jérusalem, a clamé Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, qui se pose en champion de la lutte contre Israël.

M. Haniyeh a appelé à une "nouvelle intifada", soulèvement populaire dont les deux premiers sont restés dans les mémoires.

- 'Pacifique et non-armé' -

Chacun s'interroge sur l'ampleur que prendrait la protestation chez les Palestiniens, soupesant d'une part la sensibilité extrême du sujet et l'exaspération de certains Palestiniens, d'autre part la lassitude d'un grand nombre, l'absence d'organisation et l'efficacité de l'appareil sécuritaire israélien.

L'analyste palestinien Ghassan Khatib juge une nouvelle intifada "improbable".

"Je crois qu'il y aura une vague de protestation populaire. Je ne sais pas pour combien de temps, cela dépend de plusieurs facteurs, y compris la manière dont Israël réagit", dit-il.

Il relève que la réactivité palestinienne peut être affectée par le fait que, dans les esprits, la décision de M. Trump ne suffit pas à oblitérer "la réalité arabe tangible de Jérusalem-Est" et qu'elle n'engage que les Etats-Unis, alors que la communauté internationale s'y oppose.

Une vague de violences commencée en octobre 2015 a considérablement diminué, même si perdurent les attaques sporadiques de Palestiniens isolés le plus souvent armés de couteaux contre des Israéliens.

Des tensions meurtrières autour de l'esplanade des Mosquées en juillet ont pris fin au bout de deux semaines.

Le quotidien israélien Yediot Aharonot relevait que l'épisode de juillet donnait un coup d'avance aux forces de sécurité israéliennes en leur ayant permis d'identifier les instigateurs.

Israël a déjà signalé qu'il était prêt à répondre. "Jérusalem et Israël sont dans une région sensible à une époque sensible. Nous sommes prêts à toutes les éventualités", a déclaré le ministre de la Défense Avigdor Lieberman.

Comme d'autres dirigeants, Nasser Qudwa, responsable du Fatah, parti palestinien dominant, appelle à la protestation. "Nous ferons de notre mieux pour que la réaction soit pacifique, non armée", mais, ajoute-t-il: "au bout du compte personne ne peut contrôler chaque individu dans la rue".

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