Attentat déjoué : les deux suspects mis en examen et écroués
Juste avant les résultats du premier tour de la présidentielle, les deux hommes suspectés d'avoir projeté un attentat "imminent" en pleine période électorale ont été mis en examen dimanche et écroués.
Avec leur arrestation mardi à Marseille, la menace terroriste avait fait irruption dans la campagne présidentielle, bouleversée deux jours plus tard par une nouvelle attaque jihadiste au cours de laquelle un policier a été tué, portant à 239 le nombre de morts dans la vague d'attentats qui frappe la France depuis 2015.
Clément Baur, 23 ans, et Mahiedine Merabet, 29 ans, ont été mis en examen notamment pour association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes d'atteintes aux personnes, acquisition, détention, transport d'armes et d'explosifs, a annoncé le parquet de Paris. Conformément aux réquisitions du ministère public, ils ont été placés en détention provisoire.
Au cours des cinq jours passés en garde à vue, "Mahiedine Merabet a exercé son droit au silence face aux enquêteurs. Clément Baur s'est un peu plus exprimé. Mais tous deux contestent un projet précis d'action violente", a rapporté une source proche de l'enquête.
"Aussi méfiants que déterminés", ils se préparaient à agir "de manière imminente sur le territoire français", avait déclaré mardi le procureur de Paris, François Molins, à la tête du parquet antiterroriste.
Un important arsenal a été découvert dans l'appartement marseillais loué par Clément Baur: un fusil-mitrailleur, deux armes de poing, des sacs de munition, trois kilos d'explosifs de type TATP, dont une partie prête à l'emploi, et une grenade artisanale.
- Messe et hommage national -
L'habitation avait été transformée en véritable laboratoire: tenues de chimistes, seringues, doseurs et sacs de boulons ont été découverts, ainsi que de l'acétone, de l'eau oxygénée, de l'acide sulfurique et des balles de ping-pong. Tous ces éléments entrent dans la composition du TATP, un explosif artisanal souvent utilisé par les jihadistes. Une caméra portable équipée d'un harnais a aussi été saisie.
"Les investigations n'ont à ce stade pas mis en lumière de cible précisément désignée", a toutefois précisé la source proche de l'enquête.
Un plan de Marseille accroché au mur de l'appartement et l'instabilité des explosifs laissent penser qu'ils entendaient passer à l'acte dans cette ville ou ses environs. Compte tenu de l'importance de l'arsenal découvert, l'une des hypothèses est que plusieurs attaques étaient envisagées.
Les enquêteurs s'attachent aussi à déterminer l'origine de l'arsenal. Clément Baur était connu pour être proche d'islamistes tchétchènes au contact desquels il s'est converti à l'islam radical en 2007 à Nice.
Incarcéré pour usage de faux documents, le jeune homme a partagé pendant 40 jours la cellule de Mahiedine Merabet début 2015. Selon son entourage, ce délinquant multirécidiviste se serait radicalisé à cette époque au contact de son cadet.
En mars 2015, des proches de Clément Baur avaient signalé sa disparition inquiétante et ses velléités de départ en Syrie.
Multipliant les alias, les téléphones et les cartes bancaires prépayées, les deux hommes ont déjoué les recherches. Celles-ci s'étaient intensifiées après l'interception le 12 avril par les services de renseignement d'une vidéo d'allégeance au groupe jihadiste Etat islamique (EI).
L'enregistrement montrait un pistolet mitrailleur de type UZI, un drapeau de l'EI, des dizaines de munitions disposées pour écrire "la loi du talion" et la une du journal Le Monde du 16 mars, où figurait le candidat de la droite à la présidentielle François Fillon.
Plusieurs candidats à l'Elysée avaient alors été alertés de la dangerosité des deux suspects.
Un dispositif de sécurité hors norme a été mis en place dimanche pour cette première présidentielle sous le régime de l'état d'urgence: plus de 50.000 policiers et gendarmes, avec le concours de 7.000 militaires de l'opération Sentinelle, étaient mobilisés pour assurer la sécurité des 47 millions d'électeurs.
Un hommage national au policier assassiné jeudi sur les Champs-Elysées aura lieu mardi et une messe devait être célébrée ce dimanche à 18H30 à Notre-Dame, en présence d'une soixantaine de policiers de la préfecture de police.
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